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samedi 11 décembre 2021

Le bruit sourd de nos pas
Quand on s'éloigne sans un bruit
Tout ce qu'on tait dans ce qu'on dit
Et tous les mots qu'on ne dit pas
Mais qui imprègnent tous nos gestes
Et nos regards et nos silences
Tous ces non-dits qui restent
Sur le coeur comme un poids mort
Et qui l'epuisent le poids du corps
Que le desir ne porte plus
Sentir l'amour qu'on a perdu
Par on ne sait quel coup du sort
Et qui fait mal n'être plus soi
Ne plus savoir où l'on va
Ne plus vouloir ce qu'on vit
Rester dans ce qu'on n'a pas dit
Être le bruit sourd de nos pas
Quand on s'éloigne sans un bruit
Sans se retourner dans la nuit
A la recherche de sa vie
Qui n'est plus la Qui est ailleurs
Entrer dans la zone grise
Où le coeur qui ne donne plus prise
Parce qu'il a peur L'indifférence
Être plus présent dans l'absence
Qu'etant présent Tout ce qu'on pense
Et que l'on tait Ce que l'on est
De ce qu'on sème Tout ce qu'on perd
De soi-meme Quand on aime
Mais qu'on ne s'aime pas
Rester mais sans être plus là
S'acharner quand même à jouer
Sur les cordes desaccordees
Du souvenir qu'on s'est aimés

vendredi 15 octobre 2021

Soyez au compte-goutte.
Aimez au compte-goutte.
Goutte par goutte on remplit des océans.
Goutte par goutte la pluie devient déluge et emporte le monde.
Goutte par goutte l'eau qui tombe de la faille érode la roche éternelle.
Toute la tristesse du monde est contenue dans une goutte de larme.
Tous les efforts du monde sont contenus dans une goutte de sueur.
Toutes les étreintes du monde sont contenus dans une goutte de sueur, dans une goutte de salive.
Le désir est une goutte qui coule sur vos jambes.
La vie est contenue dans une goutte de semence.
Il est des soifs qu'une goutte de vous suffit à apaiser.

dimanche 3 octobre 2021

Ne sois pas sage. Pour que je puisse te punir.
L'amour est une folie. Le vrai sage est le fou
D'amour. Débats-toi pour mieux nous unir
En tendant les chaînes entre nous
Pour qu'elles se serrent autour ton cou
Doucement jusqu'à te faire gémir.
Désobéis. L'amour est un jeu : joue
Avec moi. Mens. J'aime te voir mentir.
Tu es à moi quand tu me rends jaloux
Puis supplie. J'aime te voir en jouir.


 La musique t'oblige
C'est l'immense vertige
Qui te saisit
Qui te remplit
Qui te donne vie
Tu écoutes comme on prie
La musique est ton Dieu
Invisible aux yeux
Des profanes
La musique est ton âme
Toi qui n'est rien
Qu'un pantin
Du destin
La musique tire les fils
De ton corps
Avec ses mains
Des gestes subtils
Des fils d'or
Tu n'es pas mort
Tu es en transes
Tu danses
Tu es vivante
Éternellement

 

Vos chaînes d’esclave sont des bracelets de reine

Qui se traine en rampant jusqu'aux pieds de son roi,

Il n’est de royaume que celui dans lequel on croit.

Il n’est de roi qu’en songes. L’amour c’est la foi

Suprême. On sacre roi celui qu’on aime.

Et l’amour qu’on lui porte est le plus beau mensonge

Qu’on puisse dire, et le plus beau blasphème.

 

Vos bracelets de reine sont des chaînes d’esclave

En quête d’un maître. Vous êtes née pour servir.

Vous avez jadis traversé les grands marchés slaves

Pour finir dans un palais enfermée et souffrir

Vous qu’on a élevée et souillée d’un sourire

Soyez servante, car c’est le maître qui vous lave

De la souillure par le fouet en vous faisant gémir.

Le maître par la douleur qui saura vous guérir.

dimanche 5 septembre 2021

Musique

  Je trouve que l'être humain n'est jamais aussi beau que quand il danse. Ça me fascine.  Je peux passer des heures à regarder quelqu'un danser s'il est vraiment pris dans la musique et s'il danse bien.
Que le corps d'un être soit habité par la musique, au point qu'il ne fasse qu'un avec la musique, que ses gestes même deviennent musique, je trouve ça sublime.

mercredi 31 mars 2021

Nuit sans sommeil...

 Nuit sans sommeil le jour arrive
il va bien falloir que je vive
Je vois partout mes rêves morts
Navires sans ports
A la dérive
dans des mers sans rivages
Silhouettes d'êtres sans visages
Qui hantent les rues de ma ville
Et qui me dévisagent.

Ma vie est une porte sans seuil
Ma vie est une femme en deuil
Seul me voit le mauvais œil
Sous la loi de la destinée
Naitre seul, vivre seul, mourir seul.
Tous les êtres qu'on a aimés,
Les beaux projets qu'on a portés,
Disparaissent tous en fumée.
Et tout bonheur est un écueil.

                      * 

 quand je bois le vin de la lune
en dansant sur ma propre tombe
ma face tombe
dans la bouteille
moi j'avale mon infortune

La lune est le cul de bouteille
de ces nuits blanches
où je m'épanche
miroir des veilles
désespérées
où je me vois à mon réveil
visage blanc
vague et tremblant
resté la veille

dans le ciel bleu la lune luit
œil de la nuit
toujours ouvert
œil blanc de Dieu
rêvant ma vie
je rêve aussi
rien ne m'éveille

lundi 29 mars 2021

Le pointillisme de Signac est le seul qui ait sa raison d'être...

J'ai toujours été très hermétique au pointillisme, que je trouve trop artificiel, mais les toiles de Signac me touchent. Il parvient à utiliser sa technique pointilliste pour complexifier ses effets. Contrairement à ce que l'on observe chez beaucoup de pointillistes, sa technique est mise au service de la couleur et de la lumière, donc de la sensation, et pas l'inverse. Ce n'est pas qu'un "truc" d'école, sorte de fin en soi, mais un moyen. Son pointillisme est un outil qui permet d'ouvrir plus large les portes de la perception, d'explorer mieux les sensations. Son pointillisme est un langage neuf qui permet de dire une certaine facette de l'homme et du monde.
Et par le rendu esthétique singulier, les effets et les émotions uniques qu'il retranscrit, cela le rend légitime dans beaucoup de ses toiles, ayant dès lors sa raison d'être.
Pour moi, il est l'un des seuls à avoir compris réellement l'intérêt de cette technique, qu'il a fondée, et il sauve à lui seul le mouvement. Il est en ainsi pour le pointillisme comme pour beaucoup d'écoles (et même de religions, à commencer par par le christianisme), qui souvent ne valent que par leur fondateur.


 

La plus belle toile de Signac est pour moi Le Grand Canal à Venise. Le paysage s'y redéploie dans ce langage neuf, situé hors de la réalité, mais que l'on comprend immédiatement.
Les tons jaunes et roses pâles du ciel qui colorent les dômes et monuments de la ville, les eaux du grand canal, imprégnées de soleil, avec des reflets uniques, melant les lumières du canal et les ombres des gondoles et des bateliers : tout est beau, fin, subtile.
Le soleil, qui est partout, sans être nulle part dans la toile, défait le paysage en confettis. L'ensemble du canal est soumis à
une sensation kaléïdoscopique de lumière, d'ombres, de reflets et de couleurs qui se décomposent sous son effet, sans jamais lui faire perdre de sa lisibilité. C'est du Turner, avec de la magie et un air de fête en plus, qui suspendent le paysage hors du temps, éternellement vivant dans son émotion. Par sa technique pointilliste, Signac imprime juste ce qu'il faut de dérèglement aux sens pour nous placer aux frontières de l'hallucination et du rêve : il utilise la réalité comme un prétexte pour nous faire basculer vers la sensation pure. L'âme pour l'âme.


Notre-Dame-de-La-Garde, Paul Signac, 1906. Metropolitan Museum of Art, New York, États-Unis.

Notre-Dame-de-La-Garde, peinte un an plus tard, transpose dans le port de Marseille cette sensation kaléïdoscopique de lumière, d'ombres, de reflets et de couleurs qui se décomposent, et elle l'étend cette fois aux navires ancrés dans la rade, devant la basilique qui n'est plus qu'une silhouette vague à force de se défaire dans une brume de lumière mélancolique.

Capo di Noli, Paul Signac, 1898. Wallraf–Richartz Museum, Cologne, Allemagne.

Cap de Naples reprend le même procédé de dereglement des sens et de fragmentation du réel mais avec des couleurs plus vives, plus chaudes. On sent en regardant cette toile la chaleur écrasante du soleil d'été aviver les couleurs des rives de la Méditerranée et les faire papilloter dans nos yeux. On la sent omniprésente, imprégner et décomposer en confettis l'eau bleue, le sol, les arbres, le ciel et les navires.

La Calanque, Paul Signac, 1906. Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles.

La Femme et le Dragon...

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Beatus d'Osma, manuscrit enluminé contenant un commentaire de l'Apocalypse de Beatus de Liébana, vers 1086 (71 enluminures mélangeant les styles ibériques mozarabes et romans). Conservé dans le trésor de la cathédrale d'El Burgo de Osma, f°117v : "La Femme et le Dragon".

Le prix des choses...

[Paris, Lundi 29 mars 2021.] 

On ne mesure réellement le prix que de ce qui nous a manqué ou nous manque.
Et surtout de ce que l'on a possédé et perdu.

Le cadre, le portrait et l'être...

 [Paris, 28 mars 2021.]

Pour autant que j'aie pu le mesurer, le succès d'un individu réside pour l'essentiel dans sa capacité à se cadrer.
Bien entendu, je ne possède pas cette capacité. C'est pourquoi ma vie est un fiasco.

L'impatient...

[Paris, Lundi 29 mars 2021.]

En médecine, le malade qui commence à se soigner est nommé "patient", parce que la première vertu pour guérir, c'est la patience.
Longtemps, pressé par les nécessités de la vie et l'envie de vivre, je ne l'ai pas accepté, et mes médecins et ma psychanalyste auraient pu dire de moi sans mentir que j'étais leur "impatient".

jeudi 4 mars 2021

Francisco Smith (peintre portugais, 1881-1961)

 

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Francisco Smith, Uma praça de Portugal [Une place du Portugal].
Collection privée.

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Francisco Smith, Saint Germain-des-Prés.
Musée Calouste Gulbenkian.

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 Francisco Smith, Cena de Portugal [Scène du Portugal].
Collection privée, Londres.

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Francisco Smith, Sem título [Sans titre].
Collection privée.

 

Sá Nogueira (peintre de la troisième génération moderniste portugaise, 1921-2002)

 

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Sá Nogueira, O recém-chegado [Le dernier venu], 1965.

 

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Sá Nogueira, O pescador [Le pêcheur], 1958.


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Sá Nogueira, Sem título [Sans titre], 1960.

 

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Sá Nogueira, Café, 1960.

lundi 1 mars 2021

Toc toc...


Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate
Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate

Le véritable enfer est celui qu'on porte en nous et nous consume de l'intérieur.
Les personnes qui n'en souffrent pas ne peuvent pas imaginer la violence que constitue le fait d'avoir des tocs, de vrais tocs en pathologie psychiatrique, en particulier des tocs d'hygiène et de contact.

De l'extérieur les gens voient ça sous le prisme de l'anecdote ou de la moquerie, ou banalisent ça à toutes leurs petites manies de la vie. "J'ai un toc", disent-ils pour parler d'un automatisme ou moquer une habitude.
Les vrais tocs ne sont pas de ce ressort. Les vrais tocs sont une maladie, une maladie psychiatrique lourde, d'une brutalité inouïe, qui brise totalement un être. Dans son essence même.
C'est une broyeuse, qui transforme le corps en chambre de torture. Aucune des violences ou souffrances que j'ai subies dans ma vie avant d'en être atteint - et pourtant Dieu sait que j'en ai subies, physiques et psychologiques - ne s'en rapproche. Mème de très loin.
La vie avec cette plaie consiste en une fuite permanente des éléments déclencheurs. Jusqu'à fuir tout et tout le monde, et se perdre dans une solitude absolue.
Et quand la broyeuse se met en route, il n'y a rien ni personne à qui se raccrocher. Il faut subir, être laminé intérieurement. Encore et encore.
Comme si on nous brisait. Muscles tendus jusqu'à la crampe, respiration coupée, gorge si serrée qu'on n'arrive plus à avaler sa salive ou parler, sensation qu'on nous broie les os, qu'on nous comprime le cœur jusqu'à le faire exploser à chaque battement.
Dans ces moments, toute la violence dont l'être est capable se retourne contre lui-même. Sans possibilité de l'arrêter. Cela engloutit toutes ses forces de vie, toute sa pensée. Toute l'âme devient souffrance. Chaque crise est une annihilation de l'être. On est paralysé, avec une douleur qui irradie dans tout le corps, jusqu'au cerveau, comme avec la sensation qu'on nous éviscère, qu'on nous écorche vifs, qu'on nous arrache à nous-mêmes, qu'une lame nous traverse le ventre et la tête à chaque seconde, et qu'on nous vide de nous-mêmes.
Ces crises répétées au quotidien, plusieurs fois par jour, pendant des années, finissent par transformer l'être le plus vif en spectre, en  mort-vivant, ombre de lui-même, machine tout juste bonne à souffrir, constamment terrorisé par tout ce qui pourrait réveiller le bourreau en lui, c'est-à-dire tout. On finit par ne plus vivre que dans la terreur, la terreur de soi, et du monde.
Je ne sais pas pourquoi j'écris ça. Peut-être par besoin de pousser un cri de douleur silencieux depuis l'intérieur de cette broyeuse. Alors qu'elle tourne à plein régime depuis deux heures, deux heures qui durent en fait depuis vingt ans.
Parce que ces mots misérables sont tout ce qui reste. Mème si je sais que ça ne sert à rien.
Peut-être d
ans l'espoir stupide qu'un Dieu miséricordieux m'entendra et me sauvera de moi-même, ce même Dieu qui m'a créé ainsi.
Peut-être aussi pour que nos frères et sœurs humains qui ne le vivent pas n'aient "contre nous les cœurs trop endurcis", et portent sur nous un regard bienveillant.